Le garçon qui courait de François-Guillaume LORRAIN

 COURIR POUR SURVIVRE POUR COMBATTRE POUR RÉSISTER « Quand Kee-Chung courait, il n’y avait plus de Japonais. Sous ses foulées, la terre redevenait coréenne. Il traçait de nouvelles frontières. » D’après l’incroyable et bouleversante histoire vraie de Sohn Kee-Chung, le premier Coréen à avoir remporté l’épreuve du marathon aux J.O. de Berlin, en 1936 – alors que la Corée, annexée par le Japon, n’existait plus. Edition Sarbacane Nombre de pages: 223 pages Mon avis: Kee-Chung est un petit garçon né en Corée, à l’époque où elle était sous l’emprise du Japon. A cette période, tous les coréens étaient forcés d’abandonner leurs coutumes, leurs acquis, tout ce qu’ils connaissaient pour se conformer à l’esprit japonais. Quoi de pire que de perdre sa nationalité, et ses droits? La famille de Kee-Chung est, comme tous les voisins, obligée de se plier aux nouvelles règles. Mais le grand frère de la fratrie de ne l’entend pas de cette oreille, puisqu’il décide de commettre un acte de rébellion au vu et au su de tous, surtout des japonais. Ce qui lui vaudra d’être envoyé dans un camp de travail. A cette occasion, pour fuir les soldats avec son frère, il découvre le plaisir de la course. De ce jour, il n’arrêtera plus. Courant à la moindre occasion, il commencera d’abord par aider son père pour son petit commerce, en traversant la frontière, à pied, en courant, ce qui lui permet de ramener les fruits dont la famille a besoin pour vivre. En grandissant, un même objectif reste gravé dans sa mémoire. Aller voir son frère. Et pour ça, s’entraîner à l’endurance. Ce travail continu l’emmènera jusqu’aux Jeux Olympiques, hélas sous la bannière japonaise. Mais en lui-même, il sait qu’il représente la Corée… Ce récit serait déjà très bouleversant, s’il n’était qu’un roman inventé de toutes pièces. Mais non. Kee-Chung a réellement existé. Et ce qu’il raconte par l’intermédiaire de l’auteur est véridique. Avec des mots simples au début, Kee-Chung nous explique sa vision des choses, et sa façon de vivre. Et au fil des pages, on le sent « grandir », vieillir, devenir plus mature et plus décidé. J’ai été bouleversé par ce témoignage sorti d’une période dont on parle encore très peu. La Corée est méconnue et son histoire encore plus. La période d’occupation est évidemment la plus obscure. A travers ce roman, j’ai pu être transportée dans cette région du monde qui a beaucoup souffert. J’ai pu voir comment vivait ses gens opprimés et abandonnés. Le jeune homme fait preuve d’une ténacité hors du commun. Tenant à son objectif plus que tout, il persévère, et finit par atteindre un niveau auquel il ne s’attendait pas: celui des Jeux Olympiques! Explosant les derniers records de vitesse enregistrés jusqu’alors, il est très vite repéré par les japonais et engagé dans l’équipe sportive. Mais aucune reconnaissance pour autant. Au contraire, puisqu’on change même son nom pour le japoniser! Je voudrais encore m’étendre sur l’histoire de Kee-chung, mais alors, vous n’auriez pas le plaisir de la découvrir vous-même. J’ai adoré cette lecture, du début à la fin. J’ai été choquée, émue, touchée.. Bref, je suis passée par un panel complet d’émotions. Je ne peux que vous encourager à le lire. Ce n’est pas, je trouve, un livre uniquement destiné à la jeunesse. Il est riche d’informations, de découverte, et magnifiquement bien écrit. C’est une véritable perle historique et littéraire à découvrir. En bonus, voilà une photo de Kee-Chung Et une autre, lors de son passage sur le podium des jeux olympiques, tentant avec son bouquet de cacher le drapeau japonais qu’il porte sur lui. Points attribués: 10/10 Je remercie vivement l’édition Sarbacane pour cette magnifique lecture. Il vous tente?