Edition: Fleuve

Nombre de pages: 428 pages

Résumé: « Pour soigner ceux que l’on oublie trop souvent, Thomas a vécu des années dans un village perdu en Inde. Lorsqu’il apprend que la femme qu’il a autrefois quittée a eu une fille de lui, ses certitudes vacillent, et il rentre.
Il lui a donné la vie, mais il a moins fait pour elle que pour n’importe quel inconnu. Est-il possible d’être un père quand on arrive si tard ? Comment vit-on dans un monde dont on ne connaît plus les codes ? Pour approcher celle qui est désormais une jeune femme et dont il ne sait rien, secrètement, maladroitement, Thomas va devoir tout apprendre, avec l’aide de ceux que le destin placera sur sa route.
Voici la réjouissante histoire de ce que nous sommes capables de réussir ou de rater au nom de la seule chose qui compte dans nos vies. »

Mon avis: Thomas a vu beaucoup de choses dans sa vie. Grâce à son engagement dans la médecine humanitaire, il a déjà vécu mille vies, fait mille rencontres.

Pourtant, lorsqu’on lui apprend qu’il est père d’une jeune fille d’une vingtaine d’années, c’est son coeur qui s’aplatit au sol. Il veut la connaître, il veut savoir qui elle est. Mais pas n’importe comment. Il ne veut pas la bousculer, chambouler sa vie. 

Décidé malgré tout de tenter sa chance, il rentre en France. Commence pour un long travail de fourmi. Parce qu’il veut la découvrir sans tout de suite entrer dans sa vie. Il veut être certain qu’il a encore une place à pourvoir…


Grâce à ce livre, j’ai enfin découvert le secret de Gilles Legardinier pour arriver à nous émouvoir à ce point: il est observateur. Je devrais même dire Observateur, avec une majuscule. Parce qu’il se révèle être maître en la matière. Dans chacun de ses livres, je me demande comment il arrive à reproduire ses réflexions féminines si intimes, et si profondément ancrées dans nos habitudes, à tel point qu’on ne s’en rend plus forcément compte. Et chaque fois, il me bluffe parce qu’il arrive à me donner l’impression que c’est une jeune femme, ou un retraité, ou une mère nostalgique qui écrit.  


Dans ce nouveau roman (enfin plus si jeune déjà, puisqu’il y a eu d’autres livres depuis), il met l’accent sur le non-dit, sur le regard que l’on peut poser sur les autres, sur ce qu’on apprendre d’eux sans même leur parler. Ce travail d’observation me ravit au plus haut point. J’aime quand, installée à une terrasse, dans un parc ou sur la plage, j’ai le temps de regarder autour de moi et d’imaginer des vies aux parfaits inconnus qui m’entourent.  Alors, ce roman, je l’ai vécu à fond! 


J’ai suivi Thomas qui suit sa fille, qui l’écoute parler, qui la regarde tortiller une mèche de cheveux quand elle est indécise, qui remarque sa façon de sourire différemment quand elle est stressée et sa façon de pouvoir faire un chignon de ses cheveux longs d’une seule main. Il y a tellement de petits détails, d’ailleurs, qu’il tient un cahier, une sorte de journal, qui retrace toutes ces découvertes. Il apprend à connaître sa fille sans même avoir besoin de lui parler… Et elle ne le sait pas. Ce petit côté triste est vraiment très touchant. Il m’a bouleversé à de multiples reprises!


C’est bien simple, d’ailleurs, je suis passée du rire aux larmes en moins de cinq minutes, pratiquement à la lecture de chaque livre de Gilles Legardinier. Comme dit mon mari, cet auteur est une véritable valeur sûre! Lorsque c’est lui qui choisit ce que je vais lire (un jeu que nous adorons tous les deux), il mise régulièrement sur ces titres, sachant que d’office je passerai un très bon moment. Et il me regarde éclater de rire, puis tenter d’essayer discrètement mes larmes.


Pourquoi des larmes? Parce que les mises en scène sont uniques, magiques. Pourtant, il n’y a pas de grandes innovations, du point de vue des solutions proposées. Ce qui change tout, c’est la poésie, le choix précis des mots utilisés, la musique des phrases. Lors de cette lecture, je m’étais installée avec une de mes playlists préférées, reprenant un mix des musiques du groupe Piano guys (que je vous conseille d’ailleurs) et qui a amplifié ce plaisir simple.


J’ai donc passé un moment, encore une fois, magique. Cela m’aura permis de couper la longue attente jusqu’à la parution du prochain roman de Gilles Legardinier.