Rien de plus grand de Manuel Persson GIOLITO

Edition: Presses de la Cité Nombre de pages: 486 pages Résumé: La pièce empeste les oeufs pourris. L’air est lourd de la fumée des tirs. Tout le monde est transpercé de balles, sauf moi. Je n’ai même pas le moindre bleu. Stockholm, sa banlieue chic. Dans la salle de classe d’un lycée huppé, cinq personnes gisent sur le sol, perforées de balles. Debout au milieu d’elles, Maja Norberg, dix-huit ans à peine, élève modèle et fille de bonne famille. Son petit copain, le fils de la plus grosse fortune de Suède, et sa meilleure amie, une jolie blonde soucieuse de la paix dans le monde, figurent parmi les victimes, ainsi que Samir, brillant fils d’immigrés décidé à s’affranchir de sa condition. Neuf mois plus tard, après un battage médiatique qui a dépassé les frontières suédoises, le procès se tient. Mais qui est Maja ? Qu’a-t-elle fait, et pourquoi ? Merci à l’édition Presses de la Cité pour cette lecture percutante Mon avis: Maja Norberg va voir aujourd’hui son procès s’ouvrir. Elle est accusée d’avoir participé à une fusillade dans son lycée, qui a tué plusieurs de ses camarades. Assise sur le banc des accusés, Maja se tait, mais réfléchit et observe d’autant plus. Pendant que ses avocats tentent de la défendre et de prouver son innocence, et que la partie adverse tente de la condamner, elle revient sur ce qui s’est passé, bien avant le drame. Au travers de ses réflexions, profondes et complexes, la jeune pose un regard acéré et lucide sur la société en général. Des pensées dérangeantes, et qu’elle garde pour elle… J’ai littéralement dévoré ce roman en 2 jours. Absorbée par le récit, j’ai eu énormément de le lâcher, ne serait-ce que pour manger. Durant ces 48 heures, j’ai vécu dans la peau de Maja, littéralement. La jeune fille de 18 ans démarre son récit alors que le premier jour du procès s’ouvre. Effrayée, désespérée et épuisée, elle a eu 9 mois d’enfermement  pour penser à son avenir. Avenir qui pour l’instant ne s’annonce pas fameux. Mais Maja est doté d’un esprit analytique impressionnant. Elle nous raconte ses points de vue sur les différents sujets qui lui passe par la tête. Sa manière de voir les choses est acérée, et elle regarde la société en général d’un œil neuf, dont on a pas l’habitude. J’avoue m’être pris plusieurs claques, en réalisant qu’elle avait raison sur de nombreux points. Un exemple en particulier m’a complètement chamboulé. En substance, elle rappelle que les gens disent toujours qu’une vie en vaut une autre. Mais alors, dans ce cas, pourquoi une belle femme blonde, ensevelie sous une avalanche, a droit à la première page des journaux, tandis qu’un homme, divorcé et sans enfants, rentrant chez lui après son travail en métro qui se fait poignarder, n’a droit qu’à un encart en page 3 ? En lisant ce genre de constat, j’avoue avoir été vraiment bousculée. J’ai réalisé qu’elle avait raison, et qu’à travers son personnage principal, l’auteur nous soumet des idées que l’on a oublié d’avoir, des choses que l’on ne remarque plus et qui devraient pourtant nous choquer. Au-delà de cet aspect-là, nous nous trouvons également devant un cas de conscience. L’histoire nous met face à des choix impossibles à faire. Maja s’est trouvée dans une situation où le temps de la réflexion n’était pas permis, et l’instinct de survie a pris le relai. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est accusée : le fait d’avoir tiré fait-il d’elle une criminelle, ou une rescapée ? J’ai été totalement happée par ce roman ! C’est mon gros coup de cœur d’avril !! Et je l’ai déjà recommandé à plusieurs personnes !