Bonjour tout le monde!

Mireille Pluchard a accepté de venir s’installer un petit moment avec moi, dans mon boudoir.

Je vous livre la teneur de notre papotage.

Vous écrivez essentiellement des romans de terroir. D’où vous vient cette préférence ?

Votre question demanderait que l’on explique ce que l’on entend par un roman de terroir et aussi qu’est-ce qu’un roman, tout court.

Parce qu’il parle d’un lieu provincial, Maupassant aurait donc écrit des romans de terroir, lui qui mettait en valeur le pays de Caux.

Zola et Germinal, la Conquête de Plassans.

Plus sérieusement,  j’écris des romans qui se passent dans un terroir que je connais, que j’aime et je souhaite faire partager cette connaissance et cet amour au plus grand nombre.

Je crois que l’on parle mieux de ce que l’on connaît, qui fait partie de vos origines, d’une terre où ont vécu vos ancêtres à la différence d’un lieu où l’on pose ses pieds au hasard de la vie.

Le terroir avec son climat, sa culture est, après la famille, dans notre ADN.

L’un de vos derniers livres, Les souffleurs de rêves, traite du monde de la verrerie à l’époque du Moyen-Age. Comment se sont déroulées vos recherches pour obtenir un roman aussi abouti ?

L’art de souffler en France date en effet du Moyen-Age, retours des croisades, comme je l’explique dans le livre. Mais l’histoire racontée se déroule plus précisément à la période post-renaissance et l’activité des gentilshommes verriers prendra fin à la Révolution française, lors de l’abolition des privilèges.

Mes recherches se déroulent sensiblement de la même façon d’un ouvrage à l’autre. Quand j’en ai choisi le thème, je cherche la bibliographie qui peut s’y rapporter ; il en va de même quand le lieu est défini : je m’intéresse à l’histoire de ce lieu, de ce terroir, plus largement de la région.

Beaucoup de lectures, comme vous le voyez, de recherches aux archives sans perdre de vue l’histoire de France avec laquelle je chemine. Ma fiction doit s’intégrer à la réalité historique.

Quelles sont vos périodes historiques préférées ?

Il m’est difficile de vous donner une préférence, plus aisé de vous donner, non pas une aversion, mais des réticences à écrire dans le contemporain.

Et puis, il y a ce qu’on préfère et que ce que préfèrent les lecteurs (trices) et de ce point  de vue, le 19ème siècle est le grand gagnant. Les gens s’y retrouvent mieux, les relais se sont fait oralement par les aïeux ; il y a suffisamment de dépaysement pour faire une belle transition, mais point trop pour se perdre dans les méandres de l’Histoire.

Il n’empêche, je ne sacrifie pas seulement à « la demande du marché » et j’aime me balader d’une époque à l’autre, pourvu qu’elle soit riche en événements. Le Moyen-Age est fabuleux avec ses jeux d’ombre et de flamboyance, la Renaissance avec Les souffleurs de rêve et mon précédent, Le choix de Diane, m’a fourni matière à balader le lecteur dans les Guerres de religion et à la cour du roi de France. Je viens de terminer un manuscrit qui s’inscrit durant l’époque napoléonienne et je ne me suis pas ennuyée une seconde à l’écrire. J’ai même dû édulcorer pour qu’il ne fasse pas 600 pages !

Parlez-moi un peu de vos prochains projets. Que nous réservez-vous comme trésors ?

Eh bien voilà, comme je vous le disais précédemment, au mois d’octobre, je reviens au milieu du 19ème siècle avec Les chemins de Promesse, le parcours initiatique de deux jeunes Cévenols totalement éloignés du chemin d’avenir que leur avait tracé leur père. La construction de la ligne mythique de chemin de fer qui avait pour but de relier Paris à la Méditerranée, et plus largement le grand maillage ferroviaire du 19ème servira de toile de fond.

En 2019, un livre sur la soie et la vie des dernières filatures qui vivront leurs grandes heures dans le premier quart du 20ème siècle, sortira en avant-première à France Loisirs tandis qu’au mois d’octobre paraîtra un libre qui n’a pas encore de titre définitif. Il fera découvrir les poteries d’Anduze et la fin du règne de Louis XIV qui jettera sans scrupules ses dragons sur les huguenots cévenols.

Quel est l’élément qui a déclenché chez vous l’envie d’écrire ?

Des années et des années de recherche généalogiques. Comme quoi, la généalogie est dangereuse, elle peut mener au pire (rires !)

Visitez-vous chaque lieu que vous utilisez pour vos livres ?

Oh que oui ! Nous seulement je vais sur place, mais aussi je recherche soit des photos, soit des descriptions d’époque pour retracer ou plus près l’environnement de mes personnages. Humer l’air du lieu, même s’il est dit pollué. Bien sûr, je parle d’un lieu qui a de l’importance dans l’histoire, pas un lieu de transit seulement évoqués.

Comment dessinez-vous la trame d’un roman ? Avez-vous besoin de faire des notes auparavant ou bien est-ce que tout coule directement de votre plume ?

J’utilise, quand j’explique ma façon de travailler à un public de bibliothèque par exemple, l’image du métier à tisser. (Là, je ne peux pas vous faire les gestes).

Les fils de trame, horizontaux, représentent le(s) lieu(x), l’époque(s), les événements historiques, le(s) métier(s) mis en exergue, la toile de fond de l’histoire (drame familial, rivalités, héritages, jalousies, etc…)

Comme dans un ouvrage de tricot ou de tissage, la trame qui doit se fondre est cependant essentielle pour que l’ouvrage ait de la tenue, de la consistance.

Rien ne doit être laissé au hasard car c’est définitif, ils ne peuvent intervenir en cours d’écriture comme cela peut être le cas des personnages qui peuvent apparaître ou disparaître au gré de l’auteur. Quelle responsabilité !

Viennent après les fils de chaîne qui sont… les personnages ! Là, on peut se lâcher, en mettre autant qu’on veut, mais attention ! Il ne faut pas en oublier un en route. Une maille oubliée, c’est un ouvrage qui se défait…. A moins, disais-je, qu’on le fasse mourir.

Avez-vous des animaux ?

Oui, un chat et oui, il vient se coucher sur mon bureau, mes feuilles, mon ordinateur, la sale bête ! Non, je l’adore !

Quel est votre rythme de travail ?

Lent, trop lent à mon goût, mais copieux. Je passe de longues heures assises à ma table de travail, mon sport favori.

Plus sérieusement, en temps normal, tous les jours, dès que j’ai deux heure devant moi (exemple d’une journée idéale de travail d’écriture : 10h-12h, 15h-18h, 22h-24h), mais pas 7 jours par semaine. J’ai une activité physique aquagym deux fois par semaine, une autre intellectuelle, mon club Pyramide, deux fois par semaine aussi. Alors, vous voyez que ma journée idéale a beaucoup de plomb dans l’aile. Si on ajoute à cela les vacances scolaires qui ramènent au bercail enfants et petits-enfants par ailleurs éloignés, vous en déduirez que la régularité de travail n’est pas mon fort.

Néanmoins, je tiens le cap d’un ouvrage par an, recherches et écriture comprises, ce qu’apprécie, je crois, mon éditrice.

Thé ou café ?

Les deux avec modération. Je ne suis pas accro.

Je remercie Mireille Pluchard pour toutes ses réponses pleines d’énergie! J’ai eu l’occasion de lire plusieurs romans de cet auteur. En voilà mes avis. N’hésitez pas à aller y jeter un oeil… et à vous laisser tenter hihi