La galette des rois
Savez-vous d’où vient la tradition de manger une galette des rois à l’Epiphanie ? Pourquoi tirer une fève ? Quelle est la date de l’épiphanie ? Et vous cette année, c’est galette ou brioche ?
Avant de parler galette, le contexte.
Célébré pendant longtemps le jour de l’Epiphanie le 6 janvier, soit 12 jours après Noël, on tire désormais les rois le 1° dimanche de janvier. (le 1° dimanche entre le 2 et le 8 janvier, lorsque le 6 janvier tombe un jour de semaine, jour non chômé ne permettant pas aux fidèles de se rendre à la messe). Enfin bien souvent on mange de la galette durant tout le mois de janvier ! Donc cette année, la date de l’épiphanie est le dimanche 8 janvier 2017.
L’Epiphanie commémore la visite des 3 rois mages – Melchior, Gaspard et Balthazar – venus d’Orient à Bethléem en suivant l’étoile brillante vue dans le ciel le jour de la naissance de Jésus. Leur périple a duré 12 jours avant de pouvoir se recueillir devant l’enfant Jésus et lui offrir des présents.
Ce n’est qu’en 336 après J.C. que l’église catholique déclara officiellement le jour de Noël le 25 décembre, le faisant ainsi coïncider avec les fêtes païennes très populaires de l’époque qui avaient tout un tas d’anciens rituels liés au solstice d’hiver. Les célébrations fêtant le rallongement des journées et le retour du soleil duraient aussi 12 jours.
Galette ou brioche ?
C’est autour du 13°-14° siècle qu’apparaissent les premières traces de gâteau du partage lors de l’Epiphanie (partagé en nombre de parts des présents plus une, la part du pauvre). La tradition d’envoyer l’enfant le plus jeune, censé être le plus innocent, viendrait également à cette même époque (ou alors de la Rome antique, tout le monde n’est pas d’accord là-dessus).
La galette des rois prend des formes et des parfums variés selon les régions et les traditions locales. Mais de toutes les histoires, il y en a une qui lui a donné son nom de galette des rois.
Au 16° siècle, le gâteau des rois a fait l’objet d’une guerre féroce entre les boulangers et les pâtissiers, chacun voulant le monopole de la vente de ce gâteau, sentant déjà là un marché juteux. Le roi François 1° accorda le droit aux pâtissiers. Les boulangers contournèrent leur interdiction de vendre des gâteaux des rois en les substituant par des galettes qu’ils offraient à leurs clients.
A Paris, la galette s’est un peu mélangée avec le pithiviers pour devenir une galette de pâte feuilletée fourrée à la frangipane. Dans le sud c’est une brioche aux fruits confits et à la fleur d’oranger. Dans le Rhône Alpes, les galettes de mon enfance étaient des brioches avec de grosses pralines roses. Je me demande s’il existe quelque part une liste exhaustive de toutes les formes de galette des rois à travers la France. Promis, dès l’année prochaine je commence mon tour de France des recettes régionales de galette des rois.
Et la fève dans tout ça ?
Aujourd’hui, pas de galette sans fève.
La tradition remonte au 14° siècle où pour la première fois à Besançon des moines ont commencé à élire leur chef de chapitre en mettant une pièce d’or dans un morceau de pain. Le pain a ensuite été remplacé par une couronne de brioche (les gourmands !) et la pièce d’or par une fève (plus économique !).
Cette coutume s’est rapidement développée dans toutes les couches de la population. Réveillant ainsi les traditions lointaines : A Babylone où un esclave tirait au sort la royauté, devenant roi d’un jour (mais étant mis à mort à la fin de son règne) ou à Rome lors des Saturnales célébrant le dieu Saturne pendant le solstice d’hiver où pendant une journée tous, maîtres et esclaves, étaient sur un pied d’égalité – mangeant même à la même table – et où un roi était élu. Ce roi pouvait réaliser ce qu’il voulait et donner des gages.
Puis sous Louis XIII, les dames de la cour tiraient la fève pour devenir reine d’un jour et pouvaient demander un vœu au roi. Une coutume vite abolie par son successeur Louis XIV.
A la même période (14° siècle) s’est développée la coutume du « roi boit ». Celui qui tirait la fève se devait d’offrir une tournée à l’assemblée. On dit que les plus avares avalaient la fève pour ne pas avoir à payer à boire. C’est ainsi que serait née la fève en porcelaine, moins évidente à avaler. Les vraies fèves ont été remplacées par des fèves en porcelaine représentant Jésus au 18° siècle (puis un bonnet phrygien à la révolution et tout et n’importe quoi aujourd’hui).
En réalité, les premières fèves ont été mises dans les gâteaux des rois car elles étaient symbole de fécondité (la fève est le premier légume poussant au printemps, soit après le solstice d’hiver).