« L’idée de Sam était belle et folle : monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé.
Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m’a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l’a fait promettre, à moi, petit théâtreux de patronnage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m’offre brutalement la sienne… »
336 pages
Edition Le livre de poche
George a été de toutes les manifestations à Paris, revendiquant le droit à la liberté. A la sienne, à celles des autres. Il a brandi des affiches, a taggué des murs, a dit haut et fort son désaccord avec toutes sortes de sujets. Mais depuis, l’amour est entré dans sa vie, pour sa femme et sa fille. Il s’est apaisé.
Pourtant, il a gardé un ami de toute cette époque. Samuel, juif grec, une force tranquille, qui n’a jamais élevé la voix, bien qu’il ait une histoire compliquée. Un être qui a des idéaux bien définis, clairs. Cet ami-là, il a été présent à son mariage, à la naissance de sa fille, à son baptème.
Aussi comment lui refuser son aide lorsqu’il est gravement malade, et qu’il ne peut réaliser le projet qui lui tend à coeur? Monter la pièce de théâtre Antigone, celle de Jean Anouilh, en plein milieu d’une zone de guerre, et jouée par des acteurs de factions politiques ou religieuses différentes…
Un projet fou, mais que Georges va tenter de réaliser tout de même…
Ce livre m’avait été offert lors d’un échange en janvier. Et je m’étais promis de le lire rapidement, pour pouvoir en discuter avec la personne qui me l’avait offert.
Il m’aura fallu plusieurs jours, ce qui est rare, pour arriver à traiter les émotions que ce livre a provoqué chez moi.
L’histoire en elle-même est extrêmement touchante. On y a parle de guerres, de population en danger, de risques inouïs. Mais aussi de douceur de vivre, d’amitié profondes, de moments intenses. Ce récit nous emmène très haut au niveau émotionnel, nous faisant voyager entre le magnifique et l’horrible.
La plume de l’écriture, ensuite, extraordinaire. Dotée d’une finesse rare, elle n’a besoin, parfois, que de quelques petits mots pour donner une intensité énorme à un geste, un regard, un ressenti. J’ai savouré ces tournures de phrases, cette poésie toujours présente.
Je suis chavirée par ce livre, totalement. Je ne m’y attendais pas, je n’ai pas vu arriver le ras de marée d’émotion.
Je ne suis pas près d’oublier cette lecture!