Sacha a cinq ans lorsqu’elle tombe brusquement d’un immeuble. Sa mère, Sophie Kniazky, une princesse russe malade d’amour, vient tout juste de décéder. Une idée germe. On n’ose à peine la formuler. Et si la petite avait sauté? Son entourage préfère enterrer ces drames trop complexes tandis que s’éloigne le souvenir des jours heureux passés entre sa mère et Sam, son amant. Il devient presque impossible de lui faire parler de Sophie, sa tsarine au destin tragique, dont les mondains ont déjà fait une icône. Mais à trente ans, l’âge exact auquel sa mère rendait l’âme, un verdict médical sans appel exhorte enfin Sacha à sortir du silence. Commence alors une quête sur les traces de Sophie, son prestigieux nom de famille et ses aïeux aux secrets inavouables. Si elle veut comprendre son saut dans le vide, qui elle est, Sacha, produit de troisième génération dont le monde s’est effondré, comme celui de ses aïeux englouti dans la révolution bolchévique, doit partir sur les traces de ses origines où tout semble se jouer…
7/10
Edition: Luce Wilquin
Nombre de pages: 292 pages
Mon avis: Sacha a perdu sa mère alors qu’elle était très jeune. Recueillie par son père et sa nouvelle compagne, elle a bien du mal à se passer des habitudes qui faisaient vivre sa mère. D’affrontements en recherches de réponses, la petite fille devient adolescente. Pourtant, son père se tait. Il ne lui donne rien, ne lui raconte rien, et ne la comprend pas.
Ce n’est que plus tard que Sacha, devenue adulte, peut poser les bons mots, peut entendre les bonnes raisons de la disparition de sa mère, et découvrir par là-même le passé somptueux de la disparue.
En recherche d’identité, Sacha va en apprendre bien plus qu’elle ne l’espérait.
J’aime toujours ce genre d’histoire: un passé disparu, des secrets familiaux, et une quête d’informations. C’est pour cette raison que j’avais choisi de découvrir ce roman.
L’auteur pose un regard très distant sur le parcours de Sacha. Elle narre l’enfance, puis l’adolescence de la jeune, mais d’un point de vue plutôt froid, ou triste. Un peu comme un souvenir doux-amer autobiographique. Elle met le doigt sur les failles, celles dont se rend compte alors qu’il est trop tard pour y remédier.
Toujours est-il que Sacha est un personnage tout à fait particulier. On a l’impression qu’elle porte en elle les secrets et les réponses, même si elle ne le sait pas. D’ailleurs, quand elle commencera à chercher des informations, les portes vont s’ouvrir rapidement. Elle va tout d’un coup découvrir une famille maternelle à laquelle elle ne s’attendait pas. Aristocrate russe, sa mère avait des racines profondes, et l’histoire familiale s’en ressent très fort.
J’ai énormément aimé cette partie du livre. La période où elle renoue avec les ors oubliés, les familles huppées, la bonne société, et les fortunes dilapidées. J’aime la période russe d’avant révolution, et dans ce livre, on la touche du doigt. Ou plutôt, on approche les résultats de cette fameuse révolution, qui a obligé de nombreux russes à s’expatrier. J’ai donc vraiment savouré cette partie du récit. Sur les traces de la jeune femme, on apprend toujours trop ou trop peu, comme cela se passe toujours quand on recherche dans un passé familial. Il y a des choses que Sacha aurait aimé ne pas connaître, et d’autres qu’elle brûle de savoir.
C’est un roman, finalement, tout à fait particulier. Il sort du lot, et même si la couverture ne paie vraiment de mine, l’intérieur est bien plus beau. C’est donc un joli moment que j’ai passé en sa compagnie.
Je remercie l’édition Luce Wilquin pour cette jolie découverte.