Romans

Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson

​Ils sont frère et sœur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.
Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant :  » Papa vient de tuer maman. « 
Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.
Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d’un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre.

10/10

208 pages

Merci à l’édition Julliard et Netgalley

Lorsqu’un drame familial arrive, un féminicide dans le cas présent, les regards se portent sur le coupable, et sa victime. C’est le point central, celui duquel tout se dit. Mais en arrière-plan, que voit-on du reste des membres de cette famille? Que vivent les enfants? Que ressentent-ils? 

Ce roman est bouleversant du début à la fin. Pas de filtres, pas de dentelles, pas de version édulcorée. C’est brutal, autant qu’une telle situation peut l’être. Deux enfants qui viennent de perdre leur mère, tuée par leur père.  

Tous les repères volent en éclats, tout bascule, tout s’obscurcit. Ce jeune homme de 19 ans qui reçoit un appel de sa jeune soeur adolescente: “Papa a tué maman”. Quatre mots qui anéantissent tout un univers.  

Ce roman nous fait faire une immersion sombre, douloureuse et horrifiante. Vivre le quotidien, à partir du jour de la tragédie, de cette famille brisée. Heure par heure, la longue descente aux enfers: la peur, la peine, la colère, la rage, la difficulté de se reconstuire, de continuer à avancer, de comprendre, ou de s’en libérer. 

C’est un fait avéré. Et le titre de ce roman en est la parfaite expression. Ce que nous lisons dans les faits divers, chaque jour dans notre journal, ne sont pas simplement des histoires glauques. Derrière les faits énoncés, ce sont d’autres personnes qu’on ne voit pas, celles qui n’ont rien commis mais qui subissent la situation. 

L’auteur a pu, sobrement, clairement, nous exposer cet état de choses que l’on a souvent tendance à occulter, histoire de passer à autre chose. 

C’est un roman percutant, à plus d’un titre, qui mérite d’être lu et détaillé. Il mérite qu’on y repense ensuite, qu’on y réfléchisse. C’est une vraie gifle à la société en général.  

aufildespages chroniqueuse littéraire

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