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Mon père, ma mère, Allah… et moi de Farah Kay

Mon père, ma mère, Allah... et moi de Farah Kay

 Une famille d’origine marocaine, dans une cité populaire : le père, la mère, le fils. Et Farah, la souffre-douleur, la moins que rien, qui doit payer de toutes les manières possibles la faute originelle d’être née fille, jusqu’à l’horreur dans laquelle son père l’entraîne de ses 4 ans à ses 15 ans, avec la bénédiction d’une mère pour qui le rôle d’une fille est de se soumettre aux désirs des hommes.

Même les plus monstrueux, même s’ils doivent détruire une enfant. Les années ont passé et Farah s’est relevée. Blessée à vie, elle a trouvé la force de s’évader, de fuir le cercle pervers où elle était enfermée. Et de se reconstruire.

Edition: La boîte à Pandore

Nombre de pages: 138 pages

Mon avis: Farah a grandi dans une famille « mixte »: avec un papa arabe et une maman belge. Son enfance et son adolescence n’a pas été facile. Un père pédophile, une mère démissionnaire, et un silence absolu sur ce qui pouvait se passer à la maison.
Farah grandit avec la certitude de n’être pas aimée. De ne pas bien savoir où est sa vraie place. Et dans le même temps, elle sait que ce que son père lui demande n’est pas normal, sans jamais oser dire non.
La jeune femme explique son parcours dans la vie. Comment elle s’est retrouvée à la rue à 16 ans, comment elle a voyagé de petit boulot en petit boulot, comment, lentement, elle s’en est sortie…
Ce petit livre se lit rapidement. Il est court, mais clair. l’auteur y met toutes ses pensées, ses souvenirs et ses ressentis. Dans ce pèle-mêle, on entend le mal-être, on comprend le désir d’être entendue. On sent aussi que ce n’est pas si évident de parler de l’inceste, d’y mettre des mots, de le nommer.
L’histoire de Farah n’est pas plus « exceptionnelle » que les autres témoignages d’enfants devenus grands. Je veux dire par là que, bien sûr, ce qu’elle a vécu est ignoble. Bien sûr, il faut en parler, et il faut marteler que ces enfants ont besoin d’aide.
Mais j’ai eu l’impression, en lisant ces pages, qu’il s’agissait plutôt cette fois d’un exutoire, un façon pour Farah de poser son lourd fardeau, et d’en charger quelqu’un d’autre: le lecteur. Tout est expliqué avec du recul, comme si elle avait voulu décrire ce qui est arrivé à quelqu’un d’autre.
Ce genre de témoignage ne doit pas être simple, et j’applaudis des deux mains ceux qui en ont le courage.

Je remercie l’édition Boîte à Pandore pour ce témoignage touchant.

Points attribués: 7/10

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aufildespages chroniqueuse littéraire

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