Anne-Marie, la petite-fille de Gabrielle, naît au début du xxe siècle, après trois garçons.Sa mère, Julie, a épousé un négociant aisé de Morlaix qui fait faillite et disparaît dans un naufrage au large du Maroc où il espérait rebâtir sa fortune. Elle doit quitter sa belle maison et s’installe à Keranna tandis qu’Anne-Marie habite à Morlaix chez des amis de la famille pour poursuivre sa scolarité. Ses frères font leurs études à Paris, loin des commérages. Arthur, un cousin de Julie devenu le médecin de Locquénolé, épaule Julie et joue un rôle paternel auprès d’Anne-Marie. La guerre de 14-18 coûte la vie aux deux aînés de Julie tandis que la grippe espagnole emporte le troisième en 1919. Brisée, Julie meurt quelques années plus tard. Anne-Marie, en tant que soeur de soldats tombés au front, bénéficie d’un emploi à la Manufacture de tabac.Quand elle prend sa retraite, elle devient à son tour « la dame de Keranna ».Toute sa vie, comme sa grand-mère et sa mère, Anne-Marie a tenu un « journal de bord » dans lequel elle a consigné les événements de sa vie, privés ou publiques. Elle y décrit l’évolution des conditions de travail, les relations entre les ouvrières, l’évolution des mentalités, les transformations de Morlaix, de Locquénolé et de la Bretagne en général…
Edition: Presses de la Cité
Nombres de pages: 305 pages
Mon avis: Colette raconte comment elle a rencontré Anne-Marie, au hasard d’une promenade. Elle raconte comment Anne-Marie, au bout de plusieurs années d’amitié, lui lègue un bien précieux: l’histoire de sa famille.
Colette remonte dans le temps à travers les cahiers qu’ont tenu trois femmes sur trois générations.
En ouvrant ces ouvrages, Colette rencontre Gabrielle, puis Julie, respectivement grand-mère et mère d’Anne-Marie.
L’histoire du petit village et du domaine familial est tracé avec des mots tout simples, des photos, des lettres, et toutes sortes d’autres choses, ramenant à la vie un passé fané. Gabrielle a constitué un héritage important pour Julie. Héritage qu’elle met en commun avec son mari, qui dilapidera cette fortune familiale pour de sombres raisons.
Julie, courageuse, devra relever ses manches et reprendre les choses à bras le corps. Ses quatre enfants vont grandir, et traverser les deux guerres mondiales. La vie de bourgeois qu’ils menaient avant la ruine va devoir changer, et c’est bon gré, mal gré que les choses vont s’adapter.
J’ai trouvé ce livre vraiment très doux. Ces 300 pages ont défilé sur une journée, et je me suis laissée porter par le récit de ces trois femmes. Les interventions de Colette, agréables intermèdes entre deux époques, sont tendres et poétiques. Ils donnent un aspect nostalgique au regard que l’écrivain plonge dans l’histoire.
C’est une histoire qui reste bien ancrée dans la région présentée. On ne se perd pas dans un déménagement lointain, et l’aspect familial est très présent, ce que j’apprécie énormément.
J’ai découvert en lisant Trois ronds de fumée que cette histoire avait déjà l’objet de deux autres livres: Les mains de Gabrielle et L’herbe à la reine. Je pense que, malgré un très bon résumé des deux tomes précédents dans celui-ci, ces deux premiers opus méritent d’être lus, au même degré que ce troisième.
J’ai adoré la plume de Colette Vlérick, et je pense que, si l’occasion se présente, je lirai volontiers d’autres livres de cet auteur.
points attribués: 8/10
Je remercie l’édition Presses de la Cité pour cette lecture douce et tendre