Peu m’importe ce qu’il va se passer (après ce que j’ai fait / après ma mort), même si c’est une catastrophe
[su_pullquote align= »right »]« Avec assez d’intelligence pour voir le mal, il n’a pas assez de force pour y porter remède ; il prévoit que cette situation ne peut durer et se terminera prochainement par une catastrophe ; il le dit, après moi le déluge, et s’en lave les mains. » Édouard de Pompery – Le vrai Voltaire[/su_pullquote]
Alain Rey indique n’avoir trouvé une attestation de cette expression qu’en 1789. Elle est pourtant, selon les sources, associée quelques dizaines d’années auparavant soit à Louis XV, soit à sa favorite, Mme de Pompadour.
Il est donc étonnant de ne pas en trouver de trace écrite un peu avant, compte tenu de la notoriété de leurs auteurs présumés.
Bien entendu, le ‘déluge’ fait référence non pas à une simple pluie diluvienne ou à une inondation ‘banale’, mais à la catastrophe biblique qu’a été le Déluge dont seul Noé est sorti vivant avec sa famille et tous les couples d’animaux qu’il avait pu faire monter à bord de son arche, à partir du moment où Dieu lui a fait savoir qu’il allait se débarrasser de tous ces fichus hommes incorrigibles pécheurs.
On prête cette expression à Louis XV qui parlant de son dauphin, l’aurait employée pour dire qu’il se moquait complètement de ce qu’il pourrait faire après sa disparition.
Mais on évoque plus souvent la Pompadour qui, alors que le peintre Quentin de la Tour peignait son portrait, vit arriver le roi accablé d’avoir appris la défaite du maréchal de Soubise à Rossbach en 1757, et lui aurait dit « Il ne faut point s’affliger : vous tomberiez malade ; après nous le déluge ! ».
Mais, malgré le manque d’attestation écrite plus ancienne, Claude Duneton dit que cette expression existait encore bien avant et qu’elle aurait été remise au goût du jour par l’astronome Maupertuis qui avait annoncé le retour de la comète de Halley pour 1758, en indiquant qu’elle provoquerait un nouveau déluge et peut-être la fin du monde, ce qui aurait rendu certaines personnes très fatalistes et donc susceptibles de prononcer ce proverbe.
Dans d’autres pays, l’expression équivalente est tout aussi imagée…
Espagne: Celui qui vient derrière, à lui d’éteindre la lumière
Argentine: Que le monde tombe!
Grèce: Lorsque je mourrai, que la terre et le feu se mélangent