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Le livre de ma Grand-mère de Fethiye Cetin

Toute une vie invisible… C’est dans son grand âge que cette grand-mère adorée choisit de partager son secret et de transmettre « l’inoubliable ».

« Mes enfants, n’ayez pas peur des morts, ils ne peuvent pas vous faire de mal. Le mal vient toujours des vivants, pas des morts », disait Héranouche Gadarian devenue Seher, la grand-mère de Fethiye Çetin qui écrit ce livre pour « créer une brèche dans le mur et permettre l’écoute, pour ouvrir le coeur et la conscience des gens en Turquie ». Dans ce pays où, dès que l’on aborde le sujet du génocide de 1915, tout se fige et une atmosphère de peur s’installe, il lui était impossible de raconter sa véritable histoire, dévoiler ses origines arméniennes, révéler dans quelles circonstances elle avait été enlevée par un soldat turc alors qu’elle avait à peine dix ans. C’est donc sa petite-fille, avocate engagée dans le combat pour la justice et la liberté, qui sera dépositaire de cette vérité enfouie : « En me révélant son histoire, elle a transmis ce poids sur mes épaules… et même si c’est très difficile, je considère que c’est une chance pour moi de connaître la vérité, je ne veux pas laisser ce problème aux générations suivantes. » Fruit de longs et multiples entretiens familiaux, ce témoignage tout en tendresse et douleur contenue a marqué une rupture dans la mémoire collective turque face à la version officielle imposée depuis tant d’années : il est passé de main en main, a été réédité une dizaine de fois, traduit dans de nombreuses langues.

Mon avis: L’auteur cherche ses mots dans les premières pages. Elle semble tatônner, perdue.
Mais tout à coup, les choses se mettent en place, et l’histoire de sa grand-mère apparaît.
C’est une histoire étonnante, et émouvante surtout, que l’on a déroulé devant mes yeux. Cette enfant, puis jeune femme, et enfin grand-mère et finalement meme arrière-grand-mère, va raconter son histoire à l’une de ses petites-filles.
Loin d’être joyeuse, cette histoire de déportation. Il faut récréer une vie, un passé et surtout un présent.
Elle parle de sa famille perdue, qu’elle n’a pas oublié, et qu’elle espère revoir un jour.
Sa petite-fille, l’auteur du livre, raconte les choses d’une façon poignante, mais en douceur également. J’ai eu l’impression de l’entendre parler sur un ton égal, sans sautes d’humeur, sans fausses notes.
J’ai vraiment apprécié la lecture de ce récit.

Points attribués: 7/10

Je remercie Babélio et les éditions Parenthèses pour cette jolie découverte. 

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