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Sambre, radioscopie d’un fait divers d’Alice Géraud

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Une femme marche sur le bord de la route. Le jour n’est pas encore levé, l’air est glacial. Un homme surgit derrière elle. Il porte un bonnet noir… Durant trente ans, dans la Sambre, une petite région industrielle du Nord de la France, des dizaines et des dizaines de femmes sont agressées sexuellement ou violées au petit matin. Elles portent plainte, parfois à quelques jours d’intervalles. Elles ne sont pas toujours crues. Un jour de février 2018, ces femmes apprennent l’arrestation d’un homme surnommé « le violeur de la Sambre ». Comment a-t-il pu commettre autant de crimes aussi longtemps sur un si petit territoire sans jamais être inquiété ? 

C’est par cette question qu’Alice Géraud débute son enquête. La journaliste s’est plongée dans ces dizaines de plaintes abandonnées dans les commissariats de la Sambre. Elle est allée à la rencontre de ces femmes, ces oubliées dont la vie s’est brisée un matin sur le bord d’une route. À elles toutes, elles racontent une histoire plus grande que la leur, celle d’une société et de ses institutions dysfonctionnelles face aux violences sexuelles. Bien au-delà du fait divers, ce livre est le récit de la lente bascule d’un système depuis la fin des années 80 jusqu’à l’ère #metoo. Il change définitivement le regard. 

400 pages

Merci à Netgalley

Un petit encart dans un journal régional n’attire en général pas le regard. Même si un sujet est récurrent. Et pourtant… 

Tous les habitants de Belgique et du Nord de la France ont été secoués en découvrant l’arrestation d’un violeur en série qui oeuvrait depuis 30 ans.  

Trois décennies de victimes qui, pour la plupart, ont du vivre une énorme partie de leur vie avec ce traumatisme ancré au plus profond d’elles-mêmes.  

La journaliste Alice Giraud retrace pour nous une ligne de temps qui fait froid dans le dos. Une ligne pendant laquelle les plaintes à la Police se multiplient sans aboutir à rien. A des signalements étrangement ressemblants qui ne donnent pas lieu à beaucoup de recherches. 

Un profil est établi, qui se révélera être totalement erroné.  

Et pendant ce temps, le criminel poursuit sa vie de père de famille, d’ouvrier puis de grand-père comme si de rien n’était. 

En parrallèle de ma lecture, j’ai regardé la série télé traitant du même sujet. Une façon comme une autre de visualiser ce qui se trouvait dans ce livre. J’ai été très secouée, et par le livre, et par la série.  

Parce que de nombreuses questions se posent: Comment a-t-on pu bâcler autant les enquêtes qui ont été menées? Comment a-t-on pu traiter certaines victimes comme des coupables de mensonge? Comment est-ce possible qu’il n’y ai eu aucun suivi psychologique pour toutes ces femmes, qui ont toutes clairement gardé des séquelles? Comment a-t-on pu minimiser le travail qu’il y avait à faire? 

Et puis une autre: cet homme était un Monsieur tout le monde. Il était sympathique, une figure connue de sa ville, sociable, souriant. Finalement, comment peut-on vraiment connaître les gens qui nous entourent, que nous rencontrons régulièrement? 

Ce récit est percutant, et bouleversant. Il se pose dans l’axe du regard des victimes, dans leur vécu, dans leurs réactions jusqu’au jour du procès. C’est douloureux, mais en même temps tellement nécessaire, à mon sens, d’essayer de comprendre toutes ces femmes. 

aufildespages chroniqueuse littéraire

One comment on “Sambre, radioscopie d’un fait divers d’Alice Géraud

  1. C’est assez terrible effectivement. Après je pense qu’on ne peut jamais connaître à fond le gars que l’on croise au bistro la dame qui sert à la boulangerie le pharmacien ou encore la tenancière. Difficile de dénoncer quelqu’un sans preuve et juste des suspicions. Notre justice a des progrès à faire mais notre système de lois aussi. En tout cas un retour très intéressant 🧐

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