Expression et proverbes

C’est comme l’oeuf de Colomb

Une réalisation qui semble simple mais qui a demandé de l’ingéniosité

 

Christophe Colomb est né à Gênes en 1451. À sa demande insistante, il est envoyé par Isabelle, reine de Castille, vers les Indes via la traversée de l’Atlantique, à l’opposé du sens habituel.
Il touche terre aux Caraïbes, sur l’île de San Salvador, un peu au nord de Cuba, donc dans ce qui deviendra l’Amérique du Nord (normal, dans ce sens là, il faut d’abord traverser le continent américain avant d’espérer aboutir en Asie, mais à l’époque, personne ne le savait, Colomb étant parti en croyant d’abord toucher le Japon).
Toujours est-il qu’à son retour, l’homme devient très célèbre. Il est considéré comme un héros et, inévitablement, provoque des jalousies. Il est alors facile aux envieux de prétendre qu’il n’avait eu aucun mérite pour cette découverte, puisqu’il suffisait de naviguer dans la direction que lui avait prise à bord de ses vaisseaux.

Une histoire, dont la véracité a été contestée par certains, à commencer par Voltaire, dit que l’origine de notre expression vient d’un repas chez un Grand d’Espagne au cours duquel notre navigateur qui était raillé par quelques convives prit un œuf[1] et demanda aux moqueurs de le faire tenir debout sur sa pointe, sans l’appuyer contre quelque chose.
Bien entendu, personne n’y arriva, ce fichu œuf s’obstinant à rouler sur un côté, comme tout œuf discipliné qui se respecte. Colomb ramassa alors l’objet, en écrasa légèrement la pointe sur la table et réussit ainsi à le faire tenir dans la position voulue. Lorsqu’on se gaussa de lui en disant que la solution était très simple, il dit simplement à l’auditoire qu’une tâche peut paraître très simple une fois que l’on sait comment la réaliser, mais encore faut-il avoir l’astuce ou la bonne idée nécessaire pour l’accomplir.

OUI mais…

Belle légende, mais apocryphe, puisque rapportée par Girolamo Benzoni en 1565. Or, dès 1550, circulait la même anecdote, rapportée par Vasari, et attribuée à l’architecte Brunelleschi. Le contexte est en l’occurrence plus crédible, mais tout aussi apocryphe. C’est en 1420 en effet que Brunelleschi participe à un concours pour élever le dôme de Florence. Il propose une coupole ovoïde qui, pour tous ses concurrents, n’a aucune chance d’être construite sans cintre ni armature reposant sur le sol. Ceux-ci demandent à ce qu’il produise un modèle, mais Brunelleschi refuse, craignant qu’on lui vole ses plans. Il propose que le chantier soit confié à celui qui pourra faire tenir un œuf sur la pointe. On devine la suite. L’anecdote n’est guère plus vraisemblable que celle de Colomb : on ne confie pas un tel chantier sur une plaisanterie ingénieuse. Mais elle est liée à la forme ovoïde de la coupole et circulait en Italie avant la première attestation de l’œuf de Colomb.

On peut imaginer qu’elle a été reprise dans la polémique entre Italiens et Espagnols : ceux-ci, au XVIe siècle, admettaient mal qu’un Italien fût devenu vice-roi des Indes, avec autorité sur les nobles espagnols partis coloniser le Nouveau Monde. On lui contestait alors la découverte du continent, et les Italiens, comme Benzoni, durent prendre sa défense.

Il est à noter que dans beaucoup de pays, l’expression « L’oeuf de Colomb » est utilisée. Je n’ai trouvé qu’un seul pays qui utilise une locution différente.
Il s’agit du Canada. Là-bas, on ne parle pas du célèbre navigateur…

[su_pullquote align= »right »] Ça prend pas la tête à Papineau[/su_pullquote]

aufildespages chroniqueuse littéraire

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