Expression et proverbes

A la cloche de bois

 

Discrètement, en douce

Au milieu du XIXe siècle, la première version connue de cette expression était « déménager à la ficelle », cette corde qui permettait de descendre discrètement ses affaires par la fenêtre, puis de passer devant le concierge les mains vides, de manière à ne pas éveiller ses soupçons lorsqu’on voulait quitter les lieux furtivement, sans payer le loyer (sans oublier le lien probable avec ce terme ‘ficelle’ qui autrefois désignait aussi un escroc, un filou).

Parallèlement, on utilisait aussi « à la sonnette de bois » avec exactement le même sens. Bien sûr la sonnette du concierge n’était pas vraiment de bois, sans quoi il n’aurait pas entendu grand monde le demander, mais cette forme indique bien le côté discret du mouvement de celui qui veut s’en aller subrepticement sans risquer d’alerter celui qui pourrait lui demander des comptes.

C’est un peu plus tard, semble-t-il, que la ‘sonnette’, tout petit instrument, a été remplacé par la ‘cloche’, objet plus ostensible (mais tout aussi discret s’il est en bois), marquant ainsi encore mieux le côté furtif de la disparition du locataire.

On dit aussi « déménager sans tambour, ni trompette ». Comme ces deux instruments de musique sont également bruyants, comme une cloche métallique, c’est cette fois leur absence qui permet de quitter les lieux sans se faire repérér.

« Mouchefrin ne put payer son deuxième terme rue Racine; il déménagea « à la cloche de bois », c’est-à-dire par escroquerie… »
Maurice Barrès – Les Déracinés

aufildespages chroniqueuse littéraire

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